VEGETARIEN, VEGAN, FRUGIVORE, CRUDIVORE… QUE DIT MARCHESSEAU ?

Ces modes d’alimentation  font l’objet de beaucoup de témoignages, de vidéos sur internet, de blogs…Des chaines you tube leurs sont entièrement  dédiées, chacun exposant à grands coups d’arguments les bienfaits de son mode de vie (suivi de manière très stricte et entière). Mais il se trouve qu’après l’avoir expérimenté quelques mois / quelques années, certains sujets se retrouvent avec de vrais problèmes de santé et s’exposent à nouveau pour dénoncer, cette fois, ce qu’ils prônaient auparavant.

Parmi ces témoignages, il y a des naturopathes, ce qui peut sembler étonnant si l’on s’en réfère à l’hygiène alimentaire enseignée par Marchesseau qui n’est absolument pas stricte mais au contraire individualisée ce qui sous –entends souple et tolérante.

Par ces expérimentations, certains sujets en arrivent aux mêmes conclusions que celles de Marchesseau, et c’est bien dommage puisque ces écueils auraient pu être évités en revenant à la source de la naturopathie et en l’appliquant simplement telle qu’elle nous a été enseignée.

Enfin je croise beaucoup de naturopathes de différentes écoles dont l’approche de la bromatologie est différente de celle de Marchesseau. Aussi je trouve intéressant, pour indication, de rapporter l’enseignement originel du fondateur de la naturopathie en France, en m’efforçant d’être aussi exacte que possible.

Notez qu’ici il n’est pas question d’aborder la philosophie ou l’idéologie de telle ou telle alimentation mais juste d’exposer le point de vue du naturopathe hygiéniste dont le seul but est d’entretenir, restaurer, potentialiser la santé et l’énergie vitale. 

L’alimentation spécifique :

Pour les hygiénistes, chaque espèce animale a un tube digestif adapté à une alimentation spécifique. La vache est herbivore, l’oiseau granivore, le lion carnivore…

Si l’on modifie ou dénature l’alimentation physiologique d’une espèce, l’animal dépérit… On l’ a vu avec l’affaire de la vache folle… Ainsi il faut à l’homme un aliment biologique (on ne parle pas de label là bien que l’agriculture biologique soit fondamentale) = c’est-à-dire qui corresponde à sa physiologie.

Le tube digestif de l’homme est proche de celui des singes anthropoïdes : dentition, estomac, intestins, prise en main des aliments, porté du bébé sont semblables. Par analogie on en a déduit l’alimentation spécifique à l’homme. L’homme ne peut digérer par exemple les céréales sans les cuire – comme les granivore, et ne peut manger/digérer de la viande vivante avec ses parties dures (os) – comme les carnivores.

L’homme est frugivore !

Rentrons dans le vif du sujet, nous sommes fait pour manger :

-80% de  végétaux : fruits frais, fruits séchés, feuilles, pousses, salades, graines germées, bourgeons, racines tendres, aromates, fines herbes, algues…
-15% de produits azotés d’origine animale : laitages crus, œufs, coquillages
-5% de végétaux « azotés » : noix, amandes…
Le tout non transformé ou dénaturé, c’est à dire sous forme crue, et de qualité bio.

Mais ajoutons que ce mode alimentaire spécifique s’entend dans le milieu spécifique de l’homme c’est-à-dire sous un climat tropical…

Le frugivorisme …

L’homme est frugivore oui, mais cela ne signifie pas mangeur de fruits à 100% …Les mangeurs de fruits exclusifs, même avec un petit apport de légumes verts, voient leur santé s’altérer rapidement selon Marchesseau d’autant plus s’ils vivent sous un climat tempéré et sont soumis au divers stress urbains.

Le végétalisme :

Marchesseau a le même discours concernant le végétalisme. Pour lui, les protéines contenues dans les végétaux ne sont pas suffisantes. Il faut à l’homme un apport « plastique » ou azoté à raison de 15%, comprenant laitages, œufs, coquillages, l’homme étant « un petit carnivore non sanglant ».

En effet l’homme a un tube digestif de frugivore, mais comme toutes les espèces animales, il a une alimentation secondaire qui complète le régime principal. L’oiseau granivore mange des insectes, la vache herbivore quelques escargots et limaces, le lion la panse des animaux herbivores…

De plus l’homme est frugivore comme vu plus haut  et non … céréalien.  Or végétalisme classique (et le végétarisme courant)  est  basée sur un apport important de céréales et légumineuses, incluant souvent des produits très transformés (tofu, seitan, laits végétaux, yaourts soja…). Mais les féculents ne sont pas adaptés à notre tube digestif, ils fatiguent le pancréas et sont générateurs de mucosités. Et même si les tendances actuelles nous montrent que les végétaliens vont de plus en plus vers une alimentation riche en légumes et fruits le moins dénaturés possibles (tendance végétalienne crudivore),  Marchesseau nous rappelle que l’excès de cellulose, trop dure pour nos intestins, produit des gaz, fermentations et ballonnements (ce que confirment beaucoup de témoignages).

(J’ajoute quand même que si le végétalisme est déconseillé par Marchesseau, il peut être tout de même adapté et les sujets motivés et avertis désirant exclure les produits d’origine animale arrivent à un équilibre en accord avec leur philosophie. Diverses techniques et l’hygiène de vie peuvent à mon sens compenser les manques : oxygénation, ensoleillement, chaleur, aliments frais,apport de B12 entre autre… ( voir G.Cousens) mais ce n’est pas le sujet ici,  le but étant de retranscrire l’enseignement de Marchesseau).

Les protéines :

L’homme a donc besoin d’une base azotée, 20% de la ration, soit 15% de sous – produits animaux et 5 % de fruits gras (ils sont riches en protéines) :

-L’œuf est un aliment complet selon Marchesseau (c‘est d’ailleurs ce que l’on apprenait en cours de biologie dans les années 80, l’œuf était considéré comme la protéine de référence). Idéalement il doit être pris cru, le jaune devant rester liquide.
-Quant aux laitages ils ne sont pas  rejetés et même conseillés aux enfants. Cependant ils ne doivent avoir subit aucune dénaturation. La seule transformation bénéfique étant le caillage naturel du lait cru, c’est-à-dire sans homogénéisation, traitement thermique du lait, ni ajout de présure. Les fromages frais de chèvre ou brebis et les yaourts (le moins chauffé possible donc plutôt fait maison) sont également recommandés.
-Enfin les coquillages crus, moules, huîtres, font également partie de notre alimentation spécifique.
-les fruits gras de préférence frais (amandes, noix, noisettes…) complètent l’apport en protéine dont a besoin l’homme.

Les féculents

Certains courants naturo prônent l’emploi des féculents comme base indispensable dans l’alimentation. Cependant Marchesseau est catégoriques : les farineux ne font pas partie de l’alimentation spécifique. Nous sommes d’ailleurs obligés de dénaturer les céréales et légumineuses (décorticage, raffinage,trempage, cuisson) pour les digérer.

En revanche les tolérances sont possibles et dans certains cas conseillées dans cette catégorie, (voir plus bas).

Doit-on être crudivore à 100% ?

« Manger cru c’est manger juste » dit Marchesseau, « l’homme devrait manger cru comme tous les animaux de la terre ».

Mais là encore il insiste sur l’individualisation et la progression de la mise en place de l’alimentation spécifique. Il n’est jamais question dans ses cours de se mettre au cru à 100% du jour en lendemain. Il nous dit qu’il faut se rééduquer très lentement, notamment pour les sujets coliteux et diarrhéiques. D’ailleurs, si l’on reprend les 3 cures dans l’ordre, mot pour mot, voici ce qu’il est dit :

  • Cure de détoxination : arrêt de la source des surcharges, ouvertures des émonctoires, libération du diencéphale.
  • Cure de revitalisation : mise en place du fond nutritionnel correct, adjonction des tolérances, arrêt des dévitalisants, choix des nutriments.
  • Cure de stablisation : adoption d’une alimentation hypotoxique, fuite des grands centre urbains, soutien des défaillances neuro-glandulaire, travail sur soi.

Comme on le voit ce n’est qu’au moment de la cure de stabilisation que Marchesseau conseille de mettre en place l’alimentation spécifique (crue)  sans tolérance. Aujourd’ hui, dans la pratique, les personnes vont plutôt alterner les périodes de détoxination et de revitalisation, la stabilisation demandant tout un changement complet de mode de vie.

Et puis, comme évoqué plus haut, Marchesseau dit qu’une alimentation crue à 100% n’est vraiment possible que dans les pays chauds. C’est pourquoi les tolérances complètent presque systématiquement notre alimentation de base.

Les erreurs du cru : (que nous avons tous plus ou moins expérimenté nous les naturos !)

Donc la mise en place du 100% cru trop rapidement, sans individualisation, et sans ouverture des émonctoires (on en parle pas assez !!),  peut poser parfois des problèmes (ce qui corrobore les divers témoignages de la toile) :

  • Le corps peut libérer massivement des toxines qu’il n’a pas la capacité de gérer (il se met en détox) avec des crises curatives diverses
  • L’acidité peut menacer  et la déminéralisation qui va avec (problème de dent, perte de cheveux, frilosité…)
  • Certains ont le tube digestif fragilisé et ne supporteront pas de grandes quantités de fibres crues (gaz, ballonnement, fermentations, crampes)

A ne pas faire lorsque l’on se met au cru :

  • Manger trop de fruits à la fois : faire des « indigestions de fruits »
  • Manger du jour au lendemain d’énormes salades de crudités
  • grignoter toute la journée fruits, noix, jus non stop

    pas trop de noix!
  • Manger des fruits trop tôt le matin (sauf pour les grandes vitalités)
  • Manger des fruits qui ne sont pas à maturité
  • Manger trop de noix et ne pas les tremper (réactive leur fonction enzymatique, les rend plus digeste, plus rassasiantes, libère des principes anti -nutritifs)
  • Manger trop de fruits secs, et ne pas les tremper (cela les désucre et les nettoie)
  • Ne manger que des protéines végétales
  • Ne pas écouter son corps en cas de frilosité, fatigue, perte de cheveux etc…
  • Manger certains produits transformés en pensant qu’ils sont crus ou sains ! : purées d’amande, de sésame, fruits secs séchés à haute température, jus en bouteille, excès d’huile en bouteille …
  • Tout « crusiner » (très gras, sucré, concentré, et transformé)  …
  • Pratiquer ce mode alimentaire « en  force » comme si il s’agissait de prouver à tout le monde que cela « marche » sans se mettre au diapason de son organisme.
  •  oublier que manger cru n’est pas une fin en soi mais un moyen de développer une santé et un bien être optimals.

Les tolérances

Comme nous vivons dans un milieu anti naturel ( climat, travail, ville), il nous faut en quelque sorte pour survivre, certains aliments pour compenser ces stress.

La première tolérance sera la cuisson, on cuira en premier choix les aliments spécifiques en les dénaturant le moins possible, idéalement en les cuisant à l’étouffé sans matière grasse, ou à la  vapeur. A éviter, cuisson avec matières grasses et four micro-onde. L’œuf aussi peut être cuit à l’eau, à la vapeur, ou au bain marie !

Tolérance pour des féculents doux : dans l’ordre, Marchesseau conseille, les châtaignes, pomme de terre au four (on peut inclure avec patate douce, courges),  riz, galettes de riz, biscottes complètes (je conseille les biscottes sans gluten qu l’on trouve facilement aujourd’hui). En revanche il exclue biscottes et pain blanc, maïs et blé bouilli, crêpes, frites, gâteaux..

Les viandes peuvent aussi être tolérées : poisson, viande blanche, en petite quantité.

Marchesseau précise qu’ il vaut mieux en cas d’emploi de tolérances ne pas les mélanger entre – elles (alimentation dissociée).

Enfin il conseille les  « escapades » alimentaires indispensables au bon équilibre psychique et émotionnel, et permettant de mesurer « la vaillance de nos organes » !

Quelques exemples de menus de Marchesseau

Menu de « rigueur » été

Matin : fruit frais de saison ou jus de fruit maison
10h : 250 g de fruits justeux
Midi : crudités végétales variées, avec graines germées, 1 yaourt ou fromage blanc
17h: fruits gras ou sec
Soir : crudités végétales avec 2 jaunes d’œuf cru.

Menu de tolérance hiver :

Matin : fruits de saison ou jus
10h: fruits gras ou séchés réhydratés
Midi : crudités végétales, légumes verts cuits vapeur
Soir : crudités végétales, quinoa + jaune d’œuf cru,
2 biscottes complètes.

Menu pour l’enfant

Matin : biscotte complète + miel, en été et pour les sujets survitaux une infusion au miel suffit.
10h: une poignée de fruits secs
Midi : crudités végétales colorées avec jus de citron, huile de germe de blé, et plantes aromatiques
oeuf 2 à 4, fromage cru ou cuit (100 à 200g) ou yaourt ( 2 à 4).
On peut ajouter des biscottes complètes et de temps en temps on remplace les œufs par du poisson bouilli ou du blanc de poulet.
17h: Fruits juteux
20h : crudités végétales,
Potage en saison froide
Riz à l’eau ou pomme de terre au four avec un peu de beurre.
Pruneaux trempés.                                                                                                   Tolérance de temps à autre pour un plat de pâte et pour des tartes aux fruits cuits maison.

Comme vous le voyez, les menus sont adaptés au climat, mode de vie et âge.

La base devrait rester la base ! 

Quelque soit l’aliment que l’on choisit, la manière dont on le prépare, il est important de connaître « le fond nutritionnel », notre socle, afin de ne pas se perdre dans tous les courants alimentaires tendances, les aliments ou super aliments mis régulièrement en avant, ou autre régime « santé ». Connaître la base alimentaire humaine permet de faire le tri et de rapidement s’y retrouver parmi la pléthore de produits et les influences diverses. Lorsque des troubles apparaissent, on s’y réfère, on y retourne,et on examine de quelle manière et dans quelles proportions on s’en est éloigné pour rectifier ses erreurs.

Mon avis : Choisir  les aliments physiologiques et bio de la liste plus haut (80/20) dans leur forme la plus brut qu’il soit, et les transformer le moins possible ! Idem pour les tolérances, les choisir bruts et les transformer soi -même en les dénaturant le moins possible ! Ce qui exclue donc toutes les préparations prête à manger ou à réchauffer du marché. Bref toujours se référer à la base. Profiter de l’été et des vacances pour se régaler de fruits mûrs et adopter pendant ce temps le 100% cru ( encore une fois en s’écoutant).

Et surtout éviter d’adopter en force un certain mode alimentaire et « tenir » malgré tous les signaux du corps. Adopter un mode alimentaire de manière combative, avec revendication, prosélytisme, n’est pas comme poser un acte avec bienveillance (pour soi) …L’intention n’est pas entièrement juste à mon sens lorsque l’on cherche à démontrer, justifier, un mode de vie à tout prix sans prendre en compte la finalité recherchée : le bien être et la santé pour soi même, une relation harmonieuse avec son entourage, de l’accompagnement et de l’écoute avec ceux que nous conseillons.

Bibliographie :

Les aliments biologiques humain 1 et 2. PV Machesseau

Menus et recettes en hygiène vitale PV Marchesseau

L’éducation des enfants PV Marchesseau

L’énergie du cru https://naturopro.fr/?p=219

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2 commentaires pour “VEGETARIEN, VEGAN, FRUGIVORE, CRUDIVORE… QUE DIT MARCHESSEAU ?

  1. Merci Florence, cette piqûre de rappel est parfaite! On oublie trop souvent la base de Marchesseau, qu’on enseigne aussi chez Euronature, mais que l’on perd parfois de vue en pratique. La saisonnalité me paraît aussi un critère important, les cures de cru, progressives et/ou sur de courtes périodes. Bonne continuation!

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